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Actualité

vendredi 28 novembre 2014

Emmanuelle Duez : « Si l’entreprise n’est pas agile, elle mourra et l’agilité n’a pas de genre »

Emmanuelle Duez, 28 ans, est présidente et co-fondatrice de WoMen’Up et de The Boson Project. L’association WoMen’Up promeut une mixité homme/femme par et pour la Génération Y et la startup The Boson Project aide les entreprises à utiliser leurs jeunes collaborateurs comme levier de mutation.

En quoi les revendications féministes en entreprise d’aujourd’hui sont-elles communes à celles de l’ensemble des jeunes ?
Aujourd’hui, on observe une convergence entre les aspirations féministes et celles des jeunes, portées par les hommes et les femmes. La génération Y souhaite une diversité de trajectoires et de rythmes pour qu’elle puisse mettre le pied sur le frein ou l’accélérateur sur son évolution professionnelle en fonction des moments de vie : cette diversité, cette flexibilité, c’est ce pourquoi nos mères se sont battues. Elles ont été la première génération de femmes à travailler et à essayer de porter ces revendications. Une opposition frontale aux hommes est devenue contre-productive : des mesures en faveur de l’équilibre de vie sont aussi des leviers d’attraction et de rétention des jeunes hommes. Ils sont des ambassadeurs aujourd’hui pour porter ces aspirations jadis majoritairement portées par les femmes et si les entreprises veulent attirer les meilleurs talents, elles n’ont pas d’autres options que les prendre en compte.
De plus la jeunesse ne veut plus des structures lourdes, processées, sillotées, verticales. Dans le monde qui est le nôtre, si l’entreprise n’est pas agile, elle mourra et l’agilité n’a pas de genre.

Comment faire valoir les exigences de la Génération Y ?
J’ai créé WoMen’Up il y a quatre ans car la parité homme/femme en entreprise qu’on croyait alors révolue ne l’était pas. Aujourd’hui, l’association est pionnière dans la création de contenus sur la mixité et la génération Y avec des études à l’international. Nous faisons aussi de la sensibilisation via des événements, notamment lors de notre colloque annuel au Medef et via des ateliers en entreprise où de jeunes talents brainstorment sur le thème de la mixité. Ensuite, j’ai ensuite lancé The Boson Project, une startup qui s’intéresse justement à cette génération Y et à ses impacts dans les organisations. Nous utilisons la jeunesse dans l’entreprise comme levier interne de transformation des modèles organisationnels en capitalisant sur les aspirations de cette jeune génération qui aspire à davantage de transparence, de transversalité, de collaboratif, d’ouverture. Demain, la génération Y représentera 50% des cadres et leurs aspirations deviendront la norme. Toutes les générations ont aspiré à une entreprise plus souple, mais certaines ont davantage passé sous silence leurs aspirations. Nous essayons de capitaliser sur les ambassadeurs qui existent au sein de chacune des générations.

Quelles sont les pistes déjà lancées dans le sens d’une évolution?
Des entreprises telles que Mazars, organisation d’audit de plus de 10 000 collaborateurs ou Capgemini Consulting, ont su prendre la mesure des mutations du monde professionnel. D’autres réfléchissent à capitaliser sur le digital ou sur la vision flexible des jeunes collaborateurs en essayant de réduire les process qui freinent le changement. Nos missions auprès des entreprises consistent à mettre en mouvement la base de la pyramide : cela constitue une prise de risque et nécessite un engagement de la part de patrons visionnaires. Par exemple, chez Just Eat, une start-up qui compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs, nous allons mettre en place un incubateur interne avec un cycle de conférences et un fonctionnement collaboratif. L’objectif est de réinsuffler de l’innovation et de l’agilité dans l’entreprise en capitalisant sur le potentiel des collaborateurs.

Le monde professionnel est devenu fluide, c’est avec ce type d’initiatives que l’on avance et non avec des structures lourdes qui imposent une seule trajectoire de réussite basée sur un modèle présentéiste